LATIN LOVERS
Un antiphonaire du XVIIIe siècle constitue la matière première de la série Latin Lovers.
Sur les feuillets de partitions de Chants Grégoriens, les cases ne présentant pas de neumes (notes) ont été systématiquement colorées à l’aquarelle : en hommage aux systèmes aléatoires chers à François Morellet, l’esthétique s’élabore à partir d’un protocole de distribution des formes, parti pris qui échappe à toute volonté d’harmonisation visuelle.
Librement inspirée de L’Histoire de Dom Bougre, portier des Chartreux, roman libertin datant de 1741 attribué à Gervaise de Latouche, les lettres latines de la série Latin Lovers révèle un autre sens que celui des textes figurant à l’origine sur les feuillets. Les lettres sont découpées et réagencées ensemble afin de produire un nouveau sens, les chants sont remaniés par le truchement de collages qui reforment, telles les lettres anonymes des Corbeaux malveillants, des phrases qui nuisent à la réputation de bienséance et d’élévation spirituelle ordinairement attribuée aux chants liturgiques ; elles prennent ici une tournure érotique terre à terre totalement obscène.
Dom Bougre désignerait le célèbre moine débauché nommé l’Abbé Desfontaines et décrirait ses aventures rocambolesques, libertines et licencieuses. Sous couvert d’une dénonciation de la luxure du clergé au 18è siècle, le roman érotique, caractérisé par la fausse naïveté de son style, avance l’idée d’une liaison étroite entre bonheur et libre expression de la sexualité.