« Le Cabinet des Leurres »
Fantômes
Le cartel plaçé dans une salle de musée à la place du vide laissé par une oeuvre décrochée temporairement, et indiquant la raison de son déplacement, (prêt pour exposition, restauration etc …) est nommé « fantôme » dans le jargon muséal. Ayant pour mission de substituer son travail aux « fantômes » et ainsi combler les espaces laissés vacants par les tableaux faisant partie du cabinet Clouet déplacés provisoirement pour l’exposition « Visages des guerres de religion », Sabine Pigalle s’est inspirée de ce terme pour créer une dizaine d’oeuvres « passe-muraille » assez fidèles aux tableaux manquants, tout en leur donnant de nouveaux visages.
Faux Semblants.
Dans le but de réincarner les protagonistes aujourd’hui disparus, les oeuvres donnent à voir des sujets qui ne sont « Ni tout à fait les mêmes, ni tout à fait d’autres ».
L’artiste a sélectionné ses modèles en fonction de critères basés sur leur ressemblance physique ou psychologique avec les personnages historiques, voire même en fonction de leurs liens familiaux.
C’est notamment le cas du personnage choisi pour incarner Henri III, affilié à la vicomtesse Edmond de Montaigne de Poncins, donatrice des portraits constituant une partie de la fameuse collection du cabinet Clouet de Chantilly.
Temporalité
Le Cabinet des Leurres questionne ainsi l’art du portrait au fil du temps, opère la rencontre entre la peinture et la photographie, fusionne les visages contemporains d’anonymes dans les portraits des grandes figures de l’histoire grâce aux techniques de compositions, de juxtapositions et de collages multiples, tant visuels que temporels.
Superposant, sédimentant ainsi des strates d’époques différentes, la série met en scène le temps passé et présent, et interroge notre rapport à l’image.
Leurre
Le terme « Leurre » renvoie à la notion d’illusion, de manipulation, de chimère, d’image trompeuse qui aurait la qualité d’un vrai faux souvenir, fidèle au fonctionnement de la mémoire, en écho à la citation de Lionel Nacache : « La mémoire est un souvenir travesti du réel ».
Bernard l’hermite
Au-delà du discours esthétique précieux et de l’apparence du pastiche, Sabine Pigalle fond respectueusement ses oeuvres dans le décor du cabinet Clouet tels des bernard l’hermite, mais pose la question essentielle du leurre propre à toute image, et démontre que, tant sur le plan personnel que collectif, la vérité peut être factice et la mémoire lacunaire.